Ah cette odeur enivrante de voiture neuve ! Pour beaucoup, c’est le parfum de la nouveauté, du luxe, etc. Cependant, derrière cette senteur attrayante se cache une réalité inquiétante…
Cette odeur de voiture neuve n’est pas uniquement une question de parfum agréable, qui sent bon, au point que beaucoup cherchent un produit qui sent la voiture neuve, mais un mélange de produits chimiques (polluants et toxiques) potentiellement dangereux pour votre santé émanant des matériaux utilisés à l’intérieur de voitures.
S’il existe des produits pour éliminer les mauvaises odeurs, ceux-ci encapsulent les particules d’odeurs, mais n’éliminent pas les gaz dégagés pendant un temps par les matériaux.
L’enquête de la presse automobile
Dans un rapport d’enquête d’Autocar, 8 substances chimiques courantes sont sujettes à la diffusion à au dégazage, avec des preuves montrant que ces odeurs si agréables, sont potentiellement toxiques et encore plus dans un espace clos comme l’habitacle d’une voiture.
Ce parfum de voiture neuve si reconnaissable est riche en produits chimiques, totalement inévitables et peut créer des allergies chez un individu.
Même des mois après avoir été construite, les surfaces des matériaux continuent de dégager des gaz, dont certains toxiques (selon l’étude). C’est probablement dû en partie au fait que de nombreux matériaux utilisés pour monter l’intérieur d’une voiture sont stockés les uns à côté des autres et sont souvent enveloppés dans du plastique bien ajusté pour les protéger, ce qui, à son tour, emprisonne les parfums chimiques dans les éléments de l’habitacle.
COV – allergie – santé
Les plastiques et autres matériaux synthétiques utilisés dans les voitures neuves sont riches en composés organiques volatils (COV). Ces COV comprennent des substances telles que :
- L’acétaldéhyde
- L’acroléine
- Le benzène
- L’éthylbenzène
- Le formaldéhyde
- Le styrène
- Le toluène
- Le xylène
Ces produits chimiques peuvent provoquer des symptômes comme (source : The Drive) :
- La nausée
- Les maux de tête
- Des démangeaisons oculaires
- Des réactions similaires à des allergies (problème lié aux voix respiratoires, poumons, etc.)
En 2012, CBS News a rapporté une étude du Centre d’Écologie qui a testé plus de 200 automobiles populaires pour identifier les sources de ces émissions. Les chercheurs ont découvert plus de 275 produits chimiques différents flottant dans l’air des habitacles neufs, dont certains potentiellement mortels.
Du volant au tableau de bord, en passant par les accoudoirs et les appuie-têtes, toutes les parties de l’intérieur d’une voiture neuve peuvent dégager des produits chimiques nocifs.
Les substances à éviter : brome, chlore et autres inconnues
Parmi les produits chimiques les plus préoccupants, on trouve le brome, utilisé dans les retardateurs de flamme bromés (BFR). Ces composés sont ajoutés aux plastiques pour les rendre moins inflammables, mais leur exposition est liée à des problèmes de :
- Thyroïde
- Trouble d’apprentissage
- Diminution de la fertilité
Le chlore, utilisé dans les plastiques en polychlorure de vinyle (PVC), est associé à des anomalies testiculaires, thyroïdiennes et autres problèmes de santé graves (comme pour les phtalates).
Ford et les nez d’or : l’importance de l’odeur en Chine
En 2017, Ford a recruté une équipe de « nez d’or » en Chine, des testeurs d’odeurs chargés de s’assurer que les nouvelles voitures ne sentent pas mauvais.
En Chine, les odeurs désagréables sont une raison majeure de ne pas acheter une voiture, même avant les performances du moteur ou la sécurité. Ces testeurs évaluent chaque élément de la voiture, du tapis de sol au volant, pour garantir que rien n’offensera les acheteurs.
Problèmes d’odeurs : des cas inoubliables
L’odeur d’une voiture neuve peut parfois devenir insupportable. En 2020, le Hyundai Palisade dégageait une odeur répugnante de :
- Chaussettes de sport usagées
- Odeur corporelle
- Oignons
- Ail pur
L’enquête de Hyundai a révélé que l’odeur provenait d’un matériau en simili cuir défectueux utilisé dans les appuis-têtes. Ce problème a donné à certains modèles Limited et Calligraphy un parfum épouvantable, tandis que les versions de classe inférieure sont restées dépourvues de puanteur, en raison de la surface de leurs sièges en tissu.
Les effets sur la santé de l’odeur de voiture neuve
En 2005, une enquête auprès de 800 acheteurs du ministère sud-coréen du Territoire, des Infrastructures et des Transports a révélé que 51,5% des acheteurs de voitures neuves souffraient du « syndrome de voiture malade ». Cela est dû aux émissions de COV, provoquant des symptômes similaires à une intoxication chimique par inhalation.
Suite à ces découvertes, la Corée du Sud a mis en place des réglementations strictes pour éliminer les COV des voitures neuves. Ces actions ont inspiré des réglementations similaires au Japon et en Russie.
La commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU) surveille également la qualité de l’air intérieur des voitures depuis 2014, les mettant à jour régulièrement, mais de nombreux pays n’ont pas encore adopté ces restrictions.
Les initiatives des constructeurs : une lueur d’espoir
Mercedez-Benz est l’un des constructeurs leaders dans la lutte contre les émissions de gaz des voitures neuves. Depuis 1992, la marque allemande teste volontairement chaque composant intérieur pour s’assurer qu’il n’y a pas de dégazage toxique et a mis en place des mesures extrêmes (selon leur déclaration). Ces tests sont réalisés dans des environnements contrôlés pour simuler les conditions réelles d’utilisation.
Les tests incluent des échantillons d’air prélevés à différentes températures et niveaux d’humidité, puis analysés en laboratoire. Ce processus permet de détecter les substances gazeuses présentes et de s’assurer que les niveaux sont sûrs pour les occupants du véhicule.
Ces tests sont réalisés juste avant la mise en production d’un nouveau modèle, car ses émissions intérieures sont testées dans une série de procédures complexes et d’environnements réels. L’évaluation des composants implique le test de nombreuses pièces de chaque variante d’équipement, dont :
- Les portes
- Les sièges
- Le ciel de toit
- Les garnitures
- Etc.
Afin de garantir une étude réaliste, l’équipe n’utilise pas de composants d’échantillon de produits, mais des composants de production standard, pour garantir des mesures de contrôle de qualité supplémentaires.
Les tests sont effectués par l’Association Allemande de l’Industrie Automobile, où les composants sont stockés et mesurés dans une chambre de test à une température, un niveau d’humidité et un taux de circulation d’air défini. Des échantillons d’air sont ensuite extraits et utilisés pour mesurer la qualité et la quantité de substance gazeuses présentes dans l’air.
L’examen du véhicule dans son ensemble implique un processus encore plus complexe, les mesures elles-mêmes s’étendant sur une semaine entière. La chambre d’essai est recouverte d’acier inoxydable, afin d’éviter qu’elle ne dégage ses propres émissions. De grands radiateurs radiants sont utilisés pour simuler le soleil et chauffer l’intérieur du véhicule. Comme nous l’avons mentionné précédemment, les émissions ont tendance à être plus importantes sous l’influence de la chaleur.
À l’intérieur du véhicule, jusqu’à 10 capteurs sont utilisés pour enregistrer la température dans diverses zones, par exemple sur le dessus du tableau de bord. Une palette rotative brasse l’air à l’intérieur du véhicule pour assurer un mélange homogène. Dès qu’une température de 65°C est atteinte, des échantillons d’air sont extraits de l’intérieur et le flux d’air est dirigé vers une série de tubes à essai. La composition chimique des substances évaporées est ensuite analysée en laboratoire par une équipe de scientifiques.
Finalement, l’équipe scientifique de Mercedes-Benz aura prélevé plus de 100 échantillons sur 1 seul véhicule, aura calculé les émissions globales et les aura comparées aux émissions trouvées dans les composés organiques individuels.
Ford : une approche inhabituelle
En 2018, Ford Motor Company a proposé une méthode peu orthodoxe pour éliminer les odeurs : faire cuire la voiture jusqu’à ce que l’odeur disparaisse…
Le brevet de Ford suggère de garder la voiture au soleil avec les fenêtres ouvertes et le chauffage allumé pour accélérer le processus de dégazage. Cette méthode repose sur des capteurs de qualité de l’air et un logiciel spécialisé pour déterminer quand et où le véhicule doit se garer pour éliminer les odeurs.
En effet, garer une automobile sous le soleil tapant a tendance à accélérer le fameux dégazage, plus rapidement.
Aérer votre véhicule est dans tous les cas un excellent conseil.
Conclusions
Le parfum de voiture neuve, bien que séduisante, mémorable, cache des dangers pour la santé.
Les composés chimiques (COV) présents dans les matériaux utilisés pour fabriquer / assembler les intérieurs de voitures neuves peuvent provoquer des symptômes variés, de la simple irritation aux problèmes de santé graves.
Heureusement, certains constructeurs prennent des mesures pour réduire ces risques, mais il reste encore beaucoup à faire.
Certains produits permettent d’éliminer les mauvaises odeurs, mais pas les gaz chimiques.
Le produit à pulvériser qui se rapproche le plus d’une odeur de voiture neuve est le Chemical Guys New Car Smell. Son parfum est plus proche de cuirs neufs. Dites-nous en commentaire quel produit que vous avez testé se rapproche le plus du parfum de voiture neuve.
La prochaine fois que vous entrez dans une voiture neuve, pensez à ces composés chimiques et prenez des précautions pour minimiser votre exposition. Ouvrez les fenêtres, utilisez des filtres à air de haute qualité, etc.
